L'Australie et Nauru annoncent un traité de sécurité
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L’Australie a signé la semaine dernière un nouveau traité de sécurité avec une île du Pacifique, l’île de Nauru. Un accord qui verra l’Australie soutenir le pays économiquement en échange d’un droit de veto sur ses décisions en matière de sécurité, alors même que la Chine tente d’étendre son influence dans cette région.
De notre correspondant à Sydney,
Nauru c’est un tout petit pays, le troisième plus petit au monde derrière Saint-Marin et le Vatican. Mais pour l’Australie, c’est surtout son emplacement géographique qui compte. Nauru est située dans le Pacifique à 3 000 kilomètres des côtes australiennes, entre la Micronésie, les îles Salomon et l’archipel des Tuvalu, une zone géographique où la Chine cherche à étendre son influence depuis plusieurs années. Pékin est aujourd’hui le principal partenaire commercial et le premier créancier des îles du Pacifique. Et cela ne plait pas aux Occidentaux. Donc l’Australie, en étant l’alliée des États-Unis, tente de mettre à sa botte plusieurs îles du Pacifique pour ne pas que celles-ci ne finissent par se tourner vers la Chine. Nauru avait fait un pas vers Pékin au début de l’année en décidant de ne plus reconnaître Taïwan comme un État indépendant. Avec ce traité, l’Australie veut donc empêcher tout rapprochement supplémentaire de l’île à la Chine.
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Un droit de veto en échange d'un soutien économique
Canberra s’engage d’abord à fournir à Nauru une aide financière de 100 millions de dollars australiens, soit 60,5 millions d’euros sur cinq ans, pour que le gouvernement investisse dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des services sociaux. En plus de ça, Canberra va investir 40 millions de dollars, soit 24,2 millions d’euros dans la sécurité du pays, notamment dans le recrutement et la formation des policiers. Mais en contrepartie, l’Australie va récupérer un droit de veto sur les décisions de Nauru en matière de sécurité nationale, mais aussi sur tout partenariat de pays tiers dans les secteurs de la sécurité et des infrastructures essentielles de Nauru. C'est une manière de garder la Chine à distance de l’île.
En novembre 2023, l’Australie avait déjà signé un traité similaire avec les Tuvalu. Canberra avait alors annoncé la création d’un visa de réfugié climatique pour les habitants de l’archipel, qui est menacé de disparition par la montée des eaux. L’Australie a aussi promis d’aider les Tuvalu en cas de catastrophe, de pandémie et d’attaque. Mais en échange, Canberra avait déjà récupéré un droit de veto sur les accords de sécurité conclus par les Tuvalu avec d’autres pays. En venant en aide financièrement à ces petites îles du Pacifique, l’Australie se réapproprie donc la pratique dite de la « diplomatie du chéquier » chère à la Chine : un soutien financier, contre des relations diplomatiques.
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