En Afghanistan, le gouvernement taliban interdit les images d’êtres vivants dans les médias

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Les autorités talibanes ont annoncé ce lundi 14 octobre, en Afghanistan, l’entrée en vigueur de la loi destinée à « promouvoir la vertu et prévenir le vice », interdisant notamment aux médias de publier des images d’êtres vivants. Que dit cette loi ? Éclairages de notre correspondante régionale.

Toute image d’être vivant, c’est-à-dire d’être humain ou d’animaux, est interdite dans les médias. C’est-à-dire que les chaînes de télé, les médias en ligne, les magazines, les journaux ne sont plus autorisés à reproduire de telles images.

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Dans les faits, à ce jour, on voit encore des personnes apparaître dans les reportages télé des télévisions afghanes. Les talibans ont fait savoir que la loi serait appliquée progressivement.

On sait que des journalistes ont été convoqués dans les provinces bastions des talibans comme Kandahar ou le Helmand dans le sud de l’Afghanistan. Il leur a été clairement indiqué qu’ils n’étaient plus autorisés à reproduire de telles images. Montrer des vidéos ou photos d’être vivants serait selon les talibans contraires à l’islam.

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C’est une interprétation extrêmement rigoriste des préceptes de la religion islamique. C’est d’ailleurs unique au monde. Seul l’Afghanistan des talibans – sous leur premier régime en 1996 jusqu’à 2001 — avait banni les images d’être vivants. Ce qui est interdit aussi, c'est toute critique de l’islam.

C’est un retour considérable qui est opéré avec cette loi qui était dans les clous si l’on peut dire dès cet été, puisqu’elle était évoquée dans la loi de 35 articles qui avait été publiée. C’est cette loi qui interdisait notamment aux femmes de montrer leur visage ou de faire entendre leur voix en public.

Les talibans après trois ans de régime montre qu’ils ne sont absolument pas dans la rupture de ce qu’ils étaient il y a une vingtaine d’années. Au contraire, ils poursuivent la même idéologie et la même façon de gouverner.

Comment peuvent fonctionner les médias sans image, et les réseaux sociaux par ailleurs ?

En effet, c'est une question qui est soulevée surtout pour la télévision. Les images qui seront autorisées sont des images d’objets, de paysages.

Que vont devenir les présentateurs télé ?

C’est l’inconnu à ce stade. Et il faut savoir que plusieurs représentants du régime utilisent les réseaux sociaux, publient des photos de leurs voyages sur le terrain ou des rencontres gouvernementales.

Cesseront-ils complètement de le faire ?

Le ministère contre le vice et pour la promotion de la vertu semble poser de plus en plus lourd dans le gouvernement.

On sait que certains talibans sont plus ouverts à la modernité. Mais ils ne sont pas ceux qui ont le dernier mot. Car ces questions touchent à l’idéologie religieuse et donc aux raisons d’être des talibans et de leur lutte de plus de 20 ans contre l’ancienne république afghane soutenue par la coalition internationale.

Les lois sont de plus en plus restrictives en Afghanistan. Elles ont exclu de la société les femmes, les ont rendus invisibles… Les journalistes sont confrontés à la censure et maintenant les images sont effacées.

Un journaliste afghan sur place, nous a dit au téléphone que « L’Afghanistan est tout simplement en train de devenir le tombeau de la liberté d’expression ».