Scène: le miracle théâtral et musical de «la Symphonie tombée du ciel» à l'Athénée de Paris

Reportage culture

À mi-chemin entre théâtre et musique, l'Orchestre La Sourde part à la recherche des miracles. Cet ensemble inclassable, qui regroupe acteurs, musiciens et scénographes, a collecté une centaine de témoignages en prison, dans des Ehpad, une école primaire, des bars et des jardins pour en faire une création collective intitulée la Symphonie tombée du ciel.

« Croyez-vous au miracle ? Ce sont parfois de petites choses, des petites épiphanies qu'on n'arrive pas à expliquer et qui ne sont que pour nous, ces petits miracles un peu intimes. »

Antonin Trí Hoàng, musicien franco-vietnamien et membre de la compagnie La Sourde, est parti à la chasse aux miracles entre ciel et terre dans une société qui leur laisse peu de glace. Mais le collectif d'artistes persiste. Il entre dans des maisons d'arrêt, des écoles et des Ehpad, ouvre même un bureau des miracles à Nancy, dans l'est de la France, et va jusqu'au sud de l'Italie pour trouver des histoires miraculeuses.

« Ils sont innombrables ! On croulait sous les miracles, il y en a des très impressionnants. Il y a des très petits et très touchants. Un homme qui tombe en pâmoison devant un baba au rhum. Il fait plein de rencontres, sa vie change avec ce baba au rhum. Aussi l'histoire d'une petite fille muette. Dans un cours de musique, on lui demande d'imiter un animal. Elle reste silencieuse, bien sûr, et elle finit par dire qu'elle imite le papillon », énumère l'artiste, ému, comme touché par la grâce de ces miracles du quotidien, mais peu ordinaires.

Pour traduire ces moments en musique, les artistes s'emparent des mots pour en tisser des mélodies. « Par exemple, cette ouverture, cela a été écrit sur la voix de Philippen de Montreuil, qui tient un café, décrypte Eve Risser, pianiste, flûtiste et compositrice de la compagnie. Philippe, il a dit : "Les miracles ? cela existe !" Talada ? talada ! »

« La voix faisait la musique, raconte Antonin Trí Hoàng. Comme avec l'histoire de Domenico, un italien qui fait un pèlerinage un peu fou près de Naples. On a utilisé des musiques de cette région. » « Il y a plein de styles différents. C'est symbolisé aussi par des musiciens et des musiciennes qui viennent de plein d'univers différents. Une batterie, un piano à roulettes, des violes de gambe, du baroque, des musiques anciennes, des instruments modernes, trombones, trompettes, des saxophones de jazz et puis aussi un tambour turc pour le moment de fanfare, un peu plus populaire », énumère gaiement Eve Risser.

Ces 17 artistes aux multiples casquettes et aux multiples instruments donnent vie et corps au récit d'un survivant d'une avalanche. Entouré de haut-parleurs aux formes étranges, La Sourde fait voir et entendre un joyeux méli-mélo de mélodies et de mots, une symphonie tombée du ciel qui interroge le mystère du miracle sans jamais le révéler entièrement.

La Symphonie tombée du ciel, composée et mise en scène par l'Orchestre La Sourde, du 18 au 28 septembre 2024 à l'Athénée de Paris.

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